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Écriture : Le Héros


 

LE HÉROS


Dans un roman fantasy (ou autre), l’univers devra happer le lecteur. Il ouvrira le livre et, dans son cœur, trouvera le chemin de l’aventure, le désir de parcourir ses routes comme de tourner la page. Par quel moyen ? L’infrastructure ? La complexité d’un monde à trente peuplades et vingt prophéties de fin du monde ? Certes, le background est primordial, mais les chemins que va emprunter notre esprit lors de la lecture, ce sont avant tout ceux du héros. Ce héros – que nous appellerons Fernand pour plus d’aisance – pourra évoluer sous nos yeux ébahis. Il va grandir et prouver qu’il n’est pas que de l’encre d’impression : il existe à travers ses épopées et les leçons qu’il en retire. Il devra être plaisant, vulnérable mais pas trop, intelligent mais pas trop, parfait, beau, talentueux, perspicace… Mâle ou femelle est le premier choix. Il semblerait que la femme soit plus aisée à nuancer, toutefois. Pour aider votre rédactrice dans son étude des Héros au grand H, quelques auteurs se sont prêtés au jeu et ont livré quelques informations sur leurs enfants de papier. Pour vous en donner un aperçu : un nain et un faucheur démoniaque mâles se frottent à une humaine très humaine, une démone démoniaque, trois femmes non humaines, mais pas définies non plus. Simplicité, quand tu nous tiens...

 

Fernand

Le nom. Une étape riche et vaste. Outre les générateurs automatiques qui peuvent sauver des vies lorsqu’on veut nommer les personnages secondaires, le patronyme de Fernand est vital. Vous imaginez mon brave garçon comme un gaillard malhabile mais plein de bonne volonté ? Soit. Mais si je l’avais appelé Aëdlyne, serait-il devenu une princesse ? Et Tamara, une vagabonde au caractère un peu trop trempé ? La consonance, les lettres, la longueur, tout va jouer sur le trait de caractère comme l’enfant s’inspire malgré lui de son nom de baptême. S’il est alambiqué, le lecteur sortira du roman par sa faute : il s’appelle vraiment Zéroïdially-Menectal ? Personne ne s’étonne qu’il ait quatre syllabes de plus que tout autre paysan lambda ? Chez les Scribtonautes, les deux syllabes sont les plus courants, pour un maximum de quatre. N’oublions pas le nain qui possède entre deux et treize syllabes (selon l’utilisation on non de ses titres à rallonge.) L’exception. La première lettre également doit varier. Les Fernand, François, Franc, Faudette ont une sonorité sifflante. Tom, Thierry, Tamara, seront plus choquants. L'initiale sera déterminante implicitement, mais surtout, elle aidera à se souvenir de qui est qui : la jolie majuscule du prénom d'une personne est souvent celle que le lecteur retient le mieux ! Dans les vingt-six lettres à votre disposition, utilisez-en un maximum ! Par chez nous, I S D M A T L sont utilisés. Message secret ou non, c’est un bon point que cette variété.

 

L’objectif

Fernand a un but. Oui oui, il doit trouver l’amour et du travail. Ah non, ça c’est moi… Il doit trouver l’amulette de Lasouriverte qui lui permettra, comme promis par la Prophétie, de vaincre Raztroff-Tougtem – notez le nom naturel, fluide et plein d’amour – et de sauver le monde. Ah non, ça c’est le résumé du roman. Un objectif atteint à la fin du livre et annoncé à son début sera long, et malheureusement souvent pauvre. Fernand doit être remotivé tout au long de son périple, tout comme le lecteur. Il devra retrouver la brebis égarée, puis combattre le loup qui l’avait enlevée. Fort de sa victoire, il pourra se présenter au concourt des tueurs de loups. Ainsi de suite, les desseins de plus en plus grands pourront le mener vers une vérité plus sombre : Tougtem-Raztroff menace bel et bien le monde ! Dewen doit balayer son grenier tandis que notre démone doit se dépatouiller d’un meurtre dont elle se voit accusée. Un nain doit récupérer un titre de propriété et une Écossaise préfère pêcher. Le but devrait être humain et pourtant surnaturel : héros malgré lui. Qu’il soit choisi par les dieux ou non, qu’il cherche la gloire ou non, Fernand va chercher longtemps la finalité de sa quête. Puis la trouver. Seul bug dans la matrice : l’une des héroïnes des Scribtonautes doit sauver le monde dès le départ. L’exception.

 

Le physique

Ah, un bien grand mot ! Certes, il a deux bras et deux jambes, je trouvais cela original. Mais il est surtout beau. Bien sûr, on ne va pas le dire comme ça ! Il aura cette petite fossette, témoin de mille sourires. Il aura les cheveux en broussaille parsemés de gerbes de blé – et non pas les cheveux mal peignés empêtrés de végétaux, puisque ça, c’est pas glamour. Sur notre forum, les personnages principaux sont tous beaux. Ce sont des oui francs et définitifs qui résonnent sur Skype ! En effet, aucun auteur ne souhaite que sa création soit laide ! L’une des interrogée ira jusqu’à dire « super sexy ». Même une mamy réussi à faire admettre à sa créatrice : « ridée comme une vieille pomme, c’est mignon si on veut, mais moyennement sexy. » Elle ajoute néanmoins : « imaginez une grenouille fripée. » Certes, la grenouille est une exception. Notre fanatique de nains dira de son engeance : il a une barbe, mais une belle barbe ! Au lieu d’avoir les yeux bleus, il aura deux prunelles d’océan. Toutes les couleurs seront acceptées pour les yeux, même si le rouge et le blanc lui donneront immédiatement une connotation forte. Le vert, l’or, le violet le rendront unique. Les réponses qui viennent lorsqu’on questionne les auteurs sur les yeux sont : émeraude, azur, ambre, noir, noir et gris clair. L’exception, cette fois, sera une auteure qui avoue : j’en sais rien. Le brun, souvent délaissé par les auteurs, rappellera encore une fois que mon Fernand est humain. Les Scribtonautes misent sur les cheveux en priorité pour décrire un personnage. Deux exceptions : des ailes noires et une silhouette très petite. De manière générale, les yeux, la peau, seront souvent les points communs à rajouter à toutes les descriptions. Soyez originaux, rajoutez des détails : les grains de beauté, la cicatrice (mais pas en éclair sur le front, c'est pas très subtil), le sixième orteil, la bouche fine ou pulpeuse... Optez pour la variété. Chez nous, ce sont les ailes d’ange ou d’insecte, les glyphes lumineux sur la peau, un nain veuf, une voix éraillée… Et pour l’exception : une écossaise « banale. » Fernand ne sera pas bossu ni boiteux, sauf si c’est un vieux soldat parti pour une dernière mission. Il sera grand et fort mais tout en restant petit et frêle : l’énergie et la grandeur ne se voient pas toujours. Aussi, mon héros est parfait, mais dit en d’autres mots : il sera au goût de toutes les personnes qu’il va croiser, à l’exception des imbéciles et de Cyndelle, la promise.

 

Toutes les conditions réunies pour créer le personnage parfait débouchent sur l’incarnation. Et là, plusieurs écoles s’affrontent. Le personnage obéit au doigt et à l’œil à son auteur, ou bien prend les rênes et s’en va seul suivre ses aventures.


Il traîne alors derrière lui un écrivain fébrile obligé de relater du mieux qu’il peut des évènements qu’il n’a pas décidé. Ce héros est peut-être un bout de vous ?


Comme le dirait notre Thorim « on est tous un peu nos personnages. » La rédactrice tient à préciser qu’il disait cela en criant « Brûle vermine ! » lors de la cuisson d’un poulet, ce qui en dit long…

Si l’épopée est en partie l’affaire de Fernand, c’est bel et bien moi qui ai mis au monde chaque petit détail de son être. Sauf exception.

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