top of page

POST RÉCENTS : 

PAR TAGS : 

Astuce écriture : Le cliffhanger

Le mois de décembre est pour beaucoup un moment de repos, de tranquillité, mais pour les personnages de romans et de nouvelles, il n’est jamais l’heure de se reposer. Aussi, parlons de cliffhanger en littérature !

 

Tout d’abord, qu’est-ce qu’un cliffhanger ?

Ce mot anglais signifie « personne suspendue à une falaise » et fait référence au roman A Pair of Blue Eyes de Thomas Hardy, qui laissait son héros dans cette inconfortable position.

Il s’agit d’un procédé jouant sur le suspens (et avec les nerfs du lecteur) en créant une fin ouverte pour susciter une attente, en mettant le ou les personnages dans une situation délicate. Les cliffhangers sont très souvent utilisés au cinéma et plus encore dans les séries télévisées, mais on en trouve aussi bien sûr en littérature.

D’ailleurs, ce procédé en littérature remonte aux romans-feuilletons et en constituait une composante essentielle. En effet, le lecteur devait être gardé en haleine et poursuivre sa lecture jusqu’au prochain épisode.

Ce procédé s’utilise encore de nos jours, autant pour des nouvelles à épisodes que pour des romans, en fin de chapitre ou même en fin de tome.

 

Quelques exemples de cliffhangers :

Attention, cela peut également devenir un cliché !

- Une découverte qui va changer radicalement l’histoire ;

- Une révélation surprenante ;

- La mort d’un personnage ou sa résurrection/son retour ;

- Une situation désespérée ;

- Un acte aux conséquences tragiques est sur le point d’arriver (bombes, meurtres, etc.) ;

- Un personnage qui change de camp.

Cette méthode peut paraître assez clichée, déjà vue, et elle l’est. Toutefois, ces exemples sont très généraux, et il est possible de s’approprier ce cliché pour y apposer sa patte et en faire quelque chose d’original. Tant que l’utilisation n’est pas systématique, elle est intéressante.

 

Les bons et les mauvais cliffhangers

Un mauvais cliffhanger sera maladroit, cliché, mal amené et tombera comme un cheveu sur la soupe. Il ne sera peut-être pas utile et ne ravivera pas l’attention du lecteur. Un bon cliffhanger relance toute l’intrigue et permet au lecteur de hurler de frustration. Sur ce point, il n’y a pas de recette miracle. Essayez de faire en sorte à la fois que le lecteur s’attache à chaque point de l’intrigue et s’investisse dans votre récit et vos personnages, tout en distillant éventuellement quelques indices sur cette fameuse relance finale. Si vous faites du cliffhanger une utilisation systématique et abusive, là, vous perdrez et lasserez le lecteur. Vous perdrez tout l’effet « waouh » et bluffant de cette méthode et blaserez vos lecteurs plus qu’autre chose.

Le cliffhanger peut simplement représenter une fin assez ouverte qui fera théoriser vos lecteurs pendant des jours, des mois voire quelques années. À titre d’exemple, j’ai longtemps haï la fin des Fiancés de l’hiver de Christelle Dabos. Est-ce un cliffhanger ? Difficile à dire. Sans vous spoiler, cette fin est le genre à vous crisper pour de bon. On sent la tension arriver à un point incroyablement haut et ne pas redescendre. On se demande ce qu’il va arriver ensuite, et… on referme le livre face à l’annonce de la fin. C’est donc là une utilisation très réussie, d’autant que le roman ne compte pas vraiment de cliffhangers, si ma mémoire est bonne.

Ainsi, les cliffhangers sont à utiliser avec parcimonie : sinon, le lecteur peut se désintéresser. Imaginez un roman où chaque fin de chapitre serait pleine de suspens ! Au départ, cela peut être assez original et accrocheur, mais n’importe qui peut en être lassé. Finir sur un temps fort peut être préférable que de terminer à chaque fois sur un gros cliffhanger. Remarque, vous pouvez toujours en faire un running gag, mais cela perdrait de l’intérêt dans le principe de base du retournement final !

Bref, pour savoir comment les placer, je vous conseille de faire monter la tension au maximum pour être certain de l’effet, comme l’a fait Christelle Dabos dans mon exemple précédent. Elle use de ce procédé dans le deuxième tome de La Passe-miroir. La fin est ainsi frustrante – très – mais très réussie à mon goût.

 

Les différents types

Vous pouvez – devriez ? – différencier le cliffhanger qui intervient à la fin d’un chapitre, d’une partie et d’un roman. À la fin d’un chapitre, le suspens est rarement obligatoire. Vous aurez besoin d’un petit quelque chose pour relancer, mais cela peut être une question, un moment plus calme, un dialogue qui aboutit à une déduction, etc. Cette méthode est loin d’être obligatoire – et heureusement – dans ce cas.

À la fin d’une partie, il peut éventuellement être utile, mais sans plus. Une nouvelle partie marquera surtout un nouveau pan de votre histoire, après tout.

Toutefois, à la fin d’un roman de saga (plutôt à partir du tome 2, souvent), les cliffhangers ne sont certes pas obligatoires, mais ils permettent de relancer l’aventure – et accessoirement de se faire détester de ses lecteurs jusqu’à la sortie du prochain tome.

 

Le mot de la fin

Il n’y a, selon moi, ni de bon ni de mauvais cliffhanger. Simplement, ils doivent être bien placés et surtout, savoir surmonter les clichés. Bonne chance à vous dans ce dosage millimétré, et bonne année à tous !

C’était Dewen, en direct du Scribtographe !

bottom of page