L'écriture à 4 mains
En ce mois de mars, nous avons eu envie d’en apprendre plus sur l’écriture à 4 mains (ou à deux personnes pour ceux qui ne sont pas fortiches en maths). Pour cela, 3 duos (6 personnes, donc euh *compte*… 12 mains) ont gentiment accepté de répondre à nos questions. Et vous allez le voir, leurs réponses sont pour le moins… différentes !
D’abord, penchons-nous sur les réponses de Farf42 et Thorim, auteurs de « La quête avec un truc et de la neige éternelle », une histoire dont vous êtes le héros. Comment avez-vous choisi votre binôme ?
Farf42 : J’aimerais qu’il n’y ait pas de confusion : je suis une femme et je ne suis pas bi.
Thorim : Même pour les plans à 3 ?
Farf42 : Je resterai une femme quoiqu’il en coûte !
Thorim : Je pense qu’on ne choisit pas dans la vie. Je ne crois pas vraiment au destin, plus à une chaîne de causalité externe qui amène à un dénouement invariable. Elle était là, j’avais mon charme naturel et elle, le sien d’italienne. Et les choses qui devaient se produire se sont produites.
Quelle a été votre répartition des tâches ?
Farf42 : Il était chargé de faire la bouffe et moi la lessive.
Thorim : Elle ramenait tout ce qui était « jouet » et moi je préparais les endroits.
NDLR : Comme une image vaut mieux que 1000 discours, ils nous offrent en avant-première le récapitulatif de leur travail acharné. Et pour une fois, il n’y a aucun truc cochon :
Avez-vous rencontré des difficultés ?
Thorim : Surtout la première fois, car c’est encore très serré et on manquait de lubrifiant. Mais je m’en suis remis.
Farf42 : Au départ c’était dur, j’ai dû forcer comme une dingue et puis, grâce à Activia, ça a coulé tout seul. LIBEREEEEE, DELIVREEEEEE !!!
Thorim : Je ne me retiendrai plus jamais !
Comment s’est passé le travail niveau ambiance ?
Thorim : Tu vois la salle spéciale dans 50 Nuances de Grey ? Hé bah c’est niveau noob (NDLR : débutant) ça.
Farf42 : Pour ma part j’étais dans mon lit, j’avais de la fièvre, il est apparu tout vêtu de blanc avec sa grosse aiguille, et il m’a guéri.
Thorim : Elle n’avait pas les idées claires, mais au final, ça s’est bien passé.
Cela vous a-t-il donné envie de retenter l’expérience avec quelqu’un d’autre ?
Thorim : Moi je retente à tout moment ! Mais pas forcément avec quelqu’un d’autre.
Je pense que nous n’avons pas encore exploré tous les champs de possibilités suffisamment en profondeur.
Farf42 : Je confirme, notre unicité dans cette union unanime ne nous séparera jamais. En tout cas, grand hommage au talent de Thorim: sans lui, je ne serais rien, sans lui, je ne pourrais rien, sans lui, la vie ne serait qu’un fade reflet de moi-même ...ou de mon chien.
Thorim : Et tous mes hommages au talent de Farfallina, sans ses commentaires et propositions sexuelles, je n’aurais jamais trouvé la motivation et l’inspiration pour ça.
Farf42 : Je t’aime comme le lait aime le fond d’une casserole.
Thorim : Je t’aime comme la croquette aime rester au fond de la gamelle.
Sur ces dernières paroles dégoulinantes d’amour, nous pouvons clore cet interview des deux auteurs au talent incontestable de : « La quête avec un truc et de la neige éternelle ».
Passons maintenant, si vous le voulez bien, à notre second interview (oui oui, je ressors la phrase de Pierre Bellemare et des Enquêtes Impossibles). Le deuxième duo à se prêter au jeu de questions/réponses est un duo de modos, un duo de kings, ou plutôt de queens. Je vous demande d’applaudir derrière votre écran (fermez les rideaux sinon les voisins vont vous prendre pour des tarés)…
Daji et Maanilee, auteures des Agités du Bocal !!!!
Mêmes questions, mais réponses légèrement différentes :
Comment avez-vous choisi votre binôme ?
Daji : Elle boit la même chose que moi, je me suis dit que ça ne pouvait que coller.
Maanilee : Elle m’a tellement collée que je n’ai pas pu m’en dépêtrer, elle a eu raison de moi, j’ai cédé à ses envies.
Quelle a été votre répartition des tâches ?
Maanilee : Elle dessus moi dessous et on change tous les quarts d’heure.
Daji : Un saute-mouton...
Maanilee : Plus sérieusement, une phrase chacune.
Avez-vous rencontré des difficultés ?
Maanilee : Au début, c’était serré mais ensuite on a pris le rythme.
Daji : Perte de virgules et frein sur les descriptions, on n’est pas passées loin de la crise mondiale.
Maanilee : On a fait ça sur plusieurs jours quand même.
Comment s’est passé le travail niveau ambiance ?
Maanilee : Avec Mel [Daji] ce n’est jamais triste !
Daji : Tu vois une pièce enrobée de marshmallows, avec des licornes et des poutounours arc-en-ciel ? Ben à peu près comme ça.
Maanilee : Mais flambé au rhum.
Daji : Oui bien sûr, indispensable le rhum.
Maanilee : Et avec des strip-teaseurs occasionnels.
Cela vous a-t-il donné envie de retenter l’expérience avec quelqu’un d’autre ?
Maanilee : Retenter l’expérience oui, avec quelqu’un d’autre je ne sais pas...
Daji : Retenter l’expérience, oui. Avec quelqu’un d’autre, je ne sais pas, il faudrait qu’il ou elle ait des arguments plus qu’impressionnants ! Je suis fidèle !
Observez ces deux réponses identiques, on ne peut que s’extasier devant tant de complicité. Et la complicité, est bien le maître mot de l’interview qui vient clôturer cette rubrique.
On part à la rencontre de nos Roméo et Juliette, de nos Nicolas et Pimprenelle, de nos Bonnie and Clyde ou encore de nos Tom et Jerry préférés.
Je parle bien sûr de Mie et Sunflower, couple à la plume comme à la vie qui nous offre la nouvelle Vanille. Comme leur texte, les réponses ont été co-écrites et approuvées par les deux ventricules de ce cœur si rose.
Comment avez-vous choisi votre binôme ?
Nous n’avons pas vraiment choisi. Il s’est instauré naturellement, comme une évidence de plume et de cœur.
Quelle a été votre répartition des tâches ?
Nous décidons à deux d’un sujet, d’une intrigue, des lieux et des personnages. Puis nous procédons par notre « positif négatif » : un récit équilibré à deux voix. Sunflower fait des recherches sur le sujet par souci de crédibilité, écrit la trame et l’étoffe avec le point de vue de son personnage. Cette mouture est notre « positif ». Puis il le soumet à Mie, qui le relit, en corrige des phrases et en complète les scènes par le point de vue de son personnage. C’est notre « négatif ». Le texte est alors presque complet, mais l’échange se poursuit jusqu’à satisfaction unanime.
Avez-vous rencontré des difficultés ?
Aucune qui n'ait été insurmontable. Le principal écueil consiste à être disponible tous les deux au même moment quand se fait sentir le besoin d’écrire plume dans la plume.
Comment s’est passé le travail niveau ambiance ?
Toujours dans une grande complicité, sans jamais nous imposer de pression ; l’esprit au beau fixe, ouvert à la rêverie, à l’imagination et surtout à l’émotion. Nous prenons autant de plaisir à faire naître une histoire qu’à la mettre en forme côte à côte.
Cela vous a-t-il donné envie de retenter l’expérience avec quelqu’un d’autre ?
En fait, l’idée ne nous a pas effleurés. Nous écrivons pour l’instant des fictions érotiques, où nous désirons transcrire la réalité des sentiments qui nous lient. Donc nous nous voyons mal choisir une nouvelle co-plume. Comme nous travaillons aussi sur deux autres projets d’écriture, il nous manque le temps supplémentaire à un 4 mains d’un autre genre avec un coauteur différent.
Et voilà déjà la fin de ces interviews qui dirigent le Scriptographe vers le Pulitzer à pas de géant. On peut voir qu'il y a de nombreuses techniques pour pourtant parvenir à un même résultat, à un texte qui plaît aux vingts doigts derrière sa rédaction.
De plus, en exclusivité pour nous, Maanilee nous a dressé une liste de 3 étapes à réaliser (ou pas) avant de se lancer dans l'écriture à plusieurs :
1. CHOISIR SON BINÔME
Évitez de choisir quelqu'un qui vous ressemble trop. Évidemment, avoir des goûts similaires aidera dans l'avancée du récit, mais l'important c'est que les co-auteurs soient complémentaires. Ils ne doivent d'ailleurs pas être trop opposés au risque de se taper dessus dès le second paragraphe.
2. POSER LE CONTEXTE
Soit un des deux auteurs a une idée qu'il suggère à l'autre soit les deux auteurs prennent le temps de réaliser un brainstorming et laissent chacun de leur côté les idées fuser. Un peu d'idées des deux et vous êtes assurés d'avoir constamment des idées pour enrichir et continuer votre texte.
3. DÉFINIR LES RÔLES
Qui écrit ? Qui corrige ? Qui écrit quoi, dans quelle mesure ? Autant de possibilités qu'il faut poser dès le départ. Chacun une phrase, un paragraphe, un personnage ? Un donne les idées, l'autre écrit ? Trouvez votre propre combinaison.
Voilà, maintenant vous savez tout. Et vous, l’écriture à 4 mains ou plus, ça vous tente ?