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Coups de cœur des neiges éternelles


Le thème mis en avant pour le mois de Mars était les neiges éternelles. Parmi les nombreux textes postés sur le forum, les Scribtonautes ont dû choisir ! 12 textes, dont un à quatre mains, ont été présentés pour le vote ! Voici les 2 gagnants élus par les Scribtonautes ayant lu tous les textes participants.

 

À la création Par Daji Du haut de son estrade merveilleuse, il observe le monde. Tous les jours, à la même heure, il parcourt la Terre, en hauteur. Dans l’habitacle de son vaisseau incroyable, une musique enjouée se diffuse en continu. Étrange attrait que voilà. Tel le créateur qu’il est, il fait halte et se met à façonner. D’abord, une surface solide, pour assurer l’appui de sa construction. Ensuite, une bonne louche de fondation brun chocolat. Voilà, exquise couleur. Quelques pépites vertes, parsemées ici et là, pour boiser le tout. Puis, une dose de neige, onctueuse et lisse au-dessus de l’édifice déjà bien entamé. Pointe vers le ciel, il trace un sillon sur la pente abrupte. Perdu dans ses pensées, le rêveur imagine la joie que des skieurs auraient sur ces pistes fantastiques. Descendraient-ils tout schuss, ou au contraire, savoureraient-ils le plaisir de cette découverte ? De retour à la réalité, il tasse le tout en un joli mont blanc. Il façonne sa création un moment de plus afin de la rendre davantage délicieuse à des yeux aguerris. Le maçon éloigne son ouvrage pour mieux le vérifier. Satisfaction immense d’avoir obtenu une forme si parfaite. Mais la sculpture n’est pas encore terminée ! Du bout de ses doigts habiles, il attrape une pincée de copeaux blancs et les saupoudre avec délicatesse sur le mont précieux. Une touche d’arc-en-ciel pour illuminer le tout et l’œuvre est fin prête ! Des rires cristallins parviennent à son oreille. Joie intense. Une farandole de petits lutins se presse aux abords de son estrade. Une ribambelle de doigts dodus s’y agrippe, prenant appui afin de mieux voir. Avidité croissante de découvrir le dernier nouveau-né de l’ouvrier. Enfin, l’artiste leur accorde ce privilège. Des cris d’admiration s’élèvent face au chef-d’œuvre du maître. Les yeux s’illuminent, les sourires s’élargissent. Comment rester de marbre devant un tel spectacle ? Tant de merveilles réunies en un seul élément. L’un des petits êtres tend la main vers l’objet si convoité. Il supplie du regard le créateur de le laisser le prendre. Sensible à ces yeux pétillants, dans un demi-sourire, l’artiste dépose son ouvrage dans le poing qui se serre avec empressement autour de la surface solide. Encore un temps d’arrêt. Puis, n’y tenant plus, l’enfant lèche avec exaltation son incroyable cornet de glace.

 

Patience Par Luptinote Tout finira un jour, chaque chose connaîtra son ultime seconde. Même l’éternité. Cette conviction qui grandit dans mes entrailles permet à mon esprit de demeurer alerte. Elle conserve cette flamme que la neige tout autour s’acharne à étouffer. J’attends. J’attends… Mon conte de fées a commencé dans un coin reculé de l’Histoire, et sa légende s’est désormais perdue. Cette époque ployait sous mon pouvoir. Reine sombre, fleur impériale au parfum amer, je possédais les cœurs et la puissance des croyances. Puis la peur dans un regard est devenue un chuchotis, glissé à une oreille, pour se muer en une voix charismatique, prêchant à mon encontre… Au final, sans m’y attendre, un millier d’êtres bienpensants ont hurlé contre moi les accusations nées de siècles de rancœur. Sans procès, ils me jugèrent. La sentence pour mon règne de terreur fut le trépas. Mes bourreaux retinrent leur souffle, secoués d’une joie sanglante lorsque la Faucheuse se présenta à moi. L’exécutrice, entre ses habits d’ébène, baissa sa faux. Elle courba l’échine devant mon âme plus noire que la sienne. Une sage créature. Et désormais, j’attends. Car j’effrayais l’envoyée des Enfers mais pas les Hommes. Ces stupides rongeurs… La Mort refusait ma vie ? Alors que le temps lui-même m’emprisonne ! Ils mirent des chaînes à mes poignets, à mes chevilles, et ma geôle accueillit ma perpétuelle existence. Ils cherchèrent ce qui, dans leur monde, n’aurait jamais de fin, et trouvèrent enfin ces névés qui brillaient jusqu’au cœur de l’été. Pour créer une civilisation épargnée de mon joug, mes sujets me portèrent sur des cimes blanches, et la barrière destinée à me retenir fut d’ivoire, reflétant le bleu du ciel, froide et à jamais figée. Les neiges éternelles ne sont que feux de paille face à mon immortalité. Le temps sera leur maître, elles qui ne ploient devant personne. Et leur fin tragique sonnera votre glas, vous, rongeurs dévastateurs. Heureux d’être libres ? Vos réjouissances n’ont que trop duré. Vos folies qui puent le pétrole, vos fissions des atomes et votre engouement pour la vitesse jouent contre vous. Ma cage de givre disparaît et vient gonfler vos océans. L’eau qui ruisselle des glaciers est ma mélodie. Je survis à l’éternité grâce à elle. La neige quitte les sommets. Les glaces s’élèvent en nuages noirs. Mon règne volera sur vous telle une aile de ténèbres. Encore un peu de patience…


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