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À la découverte d'Abhaya


— Dis-moi, chère collègue et rédactrice de l’article texte long, quel roman remplira notre session en ce mois de juillet ? — J'ai ! Abhaya, de farf42 ! — 42 ? Mmmm ça veut tout dire… — … Prête à t'y plonger ? — Et comment !

 

Pitch miniature

Un village de l’Inde post-indépendance.

L’évolution d’une jeune Indienne un peu rêveuse et d’un Indien fougueux en quête de liberté dans un contexte politique instable.

Couleurs, musiques et traditions d’un autre temps et d’un autre monde.

Une conception de l’amour universel.

 

Citation favorite de l’auteur

"Il n’était pas vrai que les guerres formaient les hommes, elles créaient tout au plus des monstres, elles anéantissaient toute part d’humanité."

 

Extrait

Bimbetka, mars 1948

Elle claqua la porte dans un grand fracas. Cette petite sotte ne comprendrait donc jamais ? Une fois la serrure verrouillée, la femme coinça comme d’habitude la clé dans le pli de son sari et rejoignit son époux. -Le troisième, c’est le troisième qu’elle fait fuir, je vous avoue que je ne sais plus quoi faire, il va falloir réfléchir à une solution plus radicale, cette enfant ne peut continuer à désobéir. -Vous avez raison, un autre précepteur serait insuffisant…Voyons… En général, à peine était-elle jetée dans sa chambre qu’elle s’asseyait sur son lit, le regard dans le vague, suspendue dans une espèce de léthargie. La fillette avait essayé, comme lui répétaient ses parents, de penser à ses sottises, au fait qu’elle représentait une honte pour la famille, mais rien ne lui venait en tête. Les larmes depuis longtemps ne coulaient plus, même sous le ton réprobateur de son père ou le regard froid de sa mère. Ce jour-là, penchée à la fenêtre, elle fixait les collines qui, au loin, se dessinaient sur le ciel bleu. Les beaux jours revenaient et avec eux la fête d’Holi . Tout le village devait s’animer pour les préparatifs et le son des premiers tambours résonnait jusqu’à ses oreilles. Heureuse de grandir dans cette belle demeure à l’écart de l’agitation du village, elle aurait cependant préféré vivre comme Namita. Son amie, au moins, pouvait aller et venir à sa guise. L’enfant ferma les yeux un instant et repensa avec plaisir à cette fabuleuse journée qu’elles avaient passé ensemble une semaine auparavant. Le visage chaleureux de son amie, ses deux longues nattes dans le dos, ses yeux noirs pétillants, et ses joues bien pleines qui la faisaient tant rire ! Un sourire se dessina sur son visage. Elles étaient amies bien avant de savoir marcher. Suite à la mort de sa mère, Namita avait passé son enfance dans la famille d'Abhaya. Mais à présent, avec l’éducation que chacune recevait dans leur famille respective, ces sœurs de cœur ne se retrouvaient guère qu’une à deux fois par semaine pour jouer ensemble. -Un nouveau pensionnat vient d’ouvrir au nord de Bhopal, dans la plus pure tradition hindi, qu’en pensez-vous ? Nous pourrions y envoyer Abhaya le temps nécessaire à sa scolarité. -J’envoie dès demain une missive afin de prendre contact avec le recteur de cet établissement, cela dure depuis trop longtemps. Sur ces propos, le père se retira dans son bureau afin d’y étudier les propositions des différents architectes pour son nouveau projet : un cinéma. Depuis l’indépendance, Nehru, à la tête du pouvoir, avait déclaré qu’il souhaitait voir l’Inde prospérer dans une autosuffisance respectable. Le cinéma indien, depuis quelques décennies maintenant se développait. Hattangady Khan , le père d’Abhaya, y voyait là un excellent investissement. Dehors, le soleil se couchait et se parait d’ambre et de pourpre, un couple d’oiseaux recueillait des brindilles pour le futur nid. Abhaya allait avoir dix ans et se montrait très curieuse de ce qui l’entourait. Elle avait en horreur les adultes qui prétendaient tout savoir et ne regardaient plus rien. L’enfant brune scruta de nouveau sa chambre et nota comme celle-ci semblait soignée, chaque chose étant parfaitement rangée comme si rien dans cette maison ne pouvait laisser place au chaos…Nouer ses draps et descendre une fois de plus le long de la paroi pierreuse lui semblait une bonne idée. Mais elle craignait que cette nouvelle escapade n’ait réduit en cendres ses espoirs d’aller au village le lendemain. Assise sur son lit, le livre de contes sur les genoux, elle prit une page au hasard : l’histoire d’Ayodhya. Sa voix tinta dans l’obscurité naissante : « Il est dit qu'il y a fort longtemps, il y avait un célèbre roi à Ayodhya qui se nommait Dachrath. Le souverain avait trois reines desquelles étaient nés quatre fils… »

 

L’interview

Comment t’est venue l’idée ?

J’ai découvert par hasard le cinéma Bollywood et de là est née l’envie d’écrire sur l’Inde, de décrire ces

couleurs, cette ambiance, ces traditions qui me plaisaient tant, qui semblaient sortir d’un autre monde.

Comment as-tu choisi l’époque, le lieu et le style de ton récit ?

Il me fallait un contexte de guerre, je ne voulais pas écrire simplement une histoire d’amour, mais mêler le contexte politique au drame plus intime de vies communes. J’ai donc fait quelques recherches sur internet et de là, j’ai découvert la période qui m’intéressait : la post-indépendance, qui était très riche de contexte, de rebondissements, de références (Gandhi notamment). Pour le lieu, là encore, il me fallait un village pas trop loin de Cachemire pour incorporer les hostilités entre religions (hindous/musulmans), un village pas trop grand, Bhimbetka. Pour le style d’écriture, que dire ? C’est surtout des flashs, on suit Abhaya, puis Raji, puis Namita… Certains se rejoignent, d’autres se séparent. Tout cela est rythmé par des dates, voire des heures, pour ne pas perdre le lecteur et l’entraîner dans les événements de chaque vie.

En quelques mots : ta technique d’écriture ?

En général, je n’écris qu’une fois, j’ai beaucoup de mal à corriger, je le fais pour les répétitions, mais il est rare que je modifie mon texte une fois qu’il est posé.

Pourquoi avoir écrit ce roman ? Un message à faire passer ?

J’aime bien le message de Bollywood qui n’a pas peur de prôner des valeurs anciennes : la loyauté, la bravoure. Un monde un peu dur, qui ne répond pas forcément à notre culture et nos principes, une sorte de retour aux sources.

D’autres projets en cours ou dans la tête ?

Pas forcément. Ça va, ça vient. Pas trop le temps pour l’instant.

Quelles sont tes affinités avec les persos ?

J’aime qu’Abhaya, petite créature fragile devienne une femme forte, capable de pardonner l’impardonnable. J’aime toutes les femmes de ce texte, elles supportent tout sans excès de colère, elles portent la vie, l’amour, la force comme si c’était chose normale.

Perche ou carpe ?

Carpe (diem)

Pêche ou belote ?

Pêche l’été, belote l’hiver

Quelle est la raison de la migration séculaire des salamandres arc-en-ciel selon toi ?

Elles migrent pour la pêche à la carpe.

Mon petit poney mourra-t-il un jour ?

Bien sûr, quand les bisounours le feront cuire en barbec.

Penses-tu qu’un jour les licornes viendront nous rendre visite ?

Les licornes te rendent visite tous les soirs. Si tu étais plus attentive, tu les verrais…

— Merci farf pour cette interview !

— À la prochaine !

— Et carpe diem !

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