AT Mensuel : Souffles-tu pour elle aussi ?
Le mois d'octobre était sous le signe du vent chez les Scribtonautes. Peu nombreux sont ceux à avoir été inspiré par les bourrasques ! Pourtant, quelques pépites se cachaient dans les lignes aériennes de nos chers membres. Découvrez ici "Souffles-tu pour elle aussi ?" de notre Scribtonaute Cessdu !
Souffles-tu pour elle aussi ?
Le vent se lève. Il souffle dans le ciel noir, hulule dans le vide glacial. Puis vient tacler les volets, les faire cogner dans leurs rainures, leur faire chanter leur complainte lugubre. Êtes-vous trop à l'étroit dans vos jointures, cache-lumières-et-solitudes ? Le vent se lève. Il s'engouffre dans mes failles. Refroidit mon coeur et soulève mes entrailles. S'immisce dans mes peurs et tempête dans mes larmes. Souffles-tu pour elle aussi ? La fais-tu trembler sous sa maigre couverture ? Fais-tu résonner sa cheminée, qu'enfant j'aimais entendre chuinter, blottie tout contre elle devant la télé, mes pieds glissés sous ses cuisses pour se réchauffer ? Emporteras-tu ses cendres dans les déserts d'Algérie, où, pour la seule fois dans sa vie, m'a-t-elle dit, elle a été chez elle et aimé la vie. La vie, oui, qui se répète, La vie, oui, qui martèle ma tête car bientôt, peut-être, ne l'aura-t-elle plus. Alors, à ce moment, l'écouterai-je encore, le vent, qui déjà faiblit, se retire dans la vallée plombante ? qu'entendrai-je quand mes sanglots auront tout recouvert ? Les chants d'automne, ou bien ceux d'hiver qui dans mon val apporteront les sons de ton Morvan ? Mes doigts virevoltent sur le clavier, mais pas une larme ne coule. Viens, vent, viens, souffle dans mon âme meurtrie, balaie ses émotions endimanchées étriquées dans leur éducation policée réveille ce coeur engourdi, fils d'un autre coeur essoufflé, qui je le crains ne survivra pas une autre année. Viens, vent, viens, enchante mes oreilles du souffle de la nature, emporte ta mélodie jusqu'à elle et conte lui toutes les merveilles qu'elle aura encore la joie de vivre si elle veut bien continuer de vivre. Oui, vivre, oui, je le répète, car depuis plusieurs semaines, cette seule question t'obsède, et ce seul mot emplit mes pensées, plus aucun autre sur le papier je n'arrive à coucher.
Car si tu la perds, le monde aura-t-il encore un sens ? Auras-tu emporté avec toi le rire de tes enfants ? Ton coeur qui ne sait plus battre seul se sera-t-il arrêté sur une note désespérée ? Le vent se lève. Il emporte les inquiétudes. Transporte quelques graines, pour que la vie se perpétue. Souffle tout autour de ma solitude, Emplie la sienne du son de tes promesses.
Quelques mots de l'auteur :
D'où t'es venu l'inspiration pour ce thème ?
Alors au départ, l'intitulé du thème d'octobre m'a fait penser au film de Ken Loach, Le vent se lève. J'ai aussitôt pensé faire un texte sur la révolte. Peut-être en rapport avec tout ce qui se passe en ce moment et qui m'indigne : les guerres, les désastres écologiques, le rejet des migrants... mais rien n'est venu. Un soir, le vent soufflait et faisait trembler mes volets. Je pensais à ma mère, ses récents résultats, et j'étais très triste. Les mots sont venus aussitôt. Je les ai écrits en quelques minutes. Et ensuite, j'ai réalisé que cela collait au thème et je l'ai posté.
Parle nous du vent, du tien :
Chez moi, il vente beaucoup, beaucoup ! Quand je rentre de mon tour de rando en forêt en vélo, le vent est si fort que je dois presque en fermer les yeux ! J'aime ces sensations fortes sur mon visage ! J'aime aussi l'entendre hurler la nuit...