Astuce écriture – Les descriptions
Loin de moi l’idée, avec pareille fiche, de faire le tour des descriptions. Toutefois, étant indéniablement un incontournable du roman, je me devais d’en parler.
Qu’est-ce qu’une description ?
Une description, la plupart du temps, est une pause dans la narration. Cela permet ainsi au lecteur de souffler (un peu), mais aussi et surtout de s’immerger dans votre univers. En décrivant un personnage, un lieu, une ambiance, vous donnez une certaine image de ces derniers.
Une description peut toutefois exister sans mettre réellement la narration en « pause ». En effet, vous pouvez décrire quelque chose ou quelqu’un au travers de la narration. Après tout, pourquoi offrir un pavé de « elle a les yeux bleus, elle est rousse » quand on peut écrire qu’elle tripote ses cheveux roux ? Ainsi, vous pourrez imbriquer narration et description sans que cela ne soit difficile à lire.
Savoir décrire « en 3D »
Décrire… en 3D ? Comment ça ? Eh bien en fait, il s’agit de se servir des 5 sens, et non comme trop souvent uniquement de l’ouïe et de la vue. Si vous voulez immerger votre lecteur dans une ambiance, un marché par exemple, ne parler que des couleurs et des sons serait presque un crime. Un marché regorge d’odeurs, de sensations (les graines, les étoffes, la différence entre un marché couvert et en plein air se ressent ici aussi) et bien sûr de goûts. Par goûts, j’entends évidemment ce que votre personnage pourrait goûter, mais aussi ce qui peut lui rester en bouche.
Toujours dans l’optique d’une description « en mouvement », vous pouvez parler de votre personnage marchant d’un stand à l’autre et parsemer votre action de sons, d’odeurs, de couleurs…
Vous pouvez bien sûr privilégier un sens (j’essaie personnellement d’accorder une grande importance aux sons, à la musique notamment). Par exemple, si votre personnage est aveugle, il faudra que ses autres sens soient exacerbés.
La création d’une ambiance
C’est parfois l’essence même d’une description : créer une ambiance. Elle complète une scène et peut être faite de tas de détails. La voulez-vous tendue, agréable, sympathique, triste ? À travers votre narration comme vos descriptions, cherchez à faire ressortir quelque chose. Autant par les couleurs que les sons ou les odeurs, en vous servant d’images notamment, vous pourrez créer un certain type d’ambiance. Un personnage nostalgique ne verra pas une maison de la même façon qu’un personnage au comble de la joie.
En vous servant de certaines images, vous pourrez par exemple faire rayonner une simple balançoire et en faire un symbole de liberté. Essayez de piocher dans les symboliques, cela peut vous aider !
Les incontournables
Une description comporte toujours ses must. Lorsque vous décrivez un personnage, bien sûr que vous parlerez de ses yeux, de l’intensité de son regard, de ses lèvres, son nez, ses cheveux. N’oubliez toutefois pas de parler de sa corpulence, sa taille, sa démarche, ce qu’il dégage…
Quand vous décrivez un paysage, votre personnage peut en imprégner son état d’esprit. Cela peut se retrouver dans les adjectifs (mélioratifs ou péjoratifs), des adverbes, des verbes… S’il se sent triste, il verra des couleurs ternes, offrira certaines comparaisons peu flatteuses, etc. S’il a peur et qu’il se promène dans la rue, il pourra voir (ou croire avoir vu) du sang, les ruelles lui sembleront sombres, les gens menaçants, etc. S’il est d’humeur poète, c’est pareil. Cela doit se ressentir dans les constructions de phrase, mais aussi les figures de style (métaphores, par exemple) : essayez de mettre la forme au service du fond.
Si vous êtes un amateur d’impressionnisme, vous pouvez aussi décrire par touches de couleur et rendre un certain mouvement. Par exemple, plutôt que de dire « il y a un châle sur cette chaise », vous pouvez dire « un châle flottait au vent, tentant de s’échapper de la chaise » ou que sais-je : mettez des verbes d’action pour de l’inanimé.
Pour revenir aux incontournables, un paysage a des couleurs (pensez au ciel, aux reflets…), mais il est aussi en mouvement grâce au vent ou aux animaux.
Attention !
Tout d’abord, même si les descriptions sont un peu une « obligation » dans un texte (ce n’est pas un film), cela se sentira si vous vous forcez. Parfois, ce n’est juste pas le moment.
Avis toutefois aux amateurs : une longue description peut être agréable comme désagréable, tout dépend de l’habileté et de la pertinence de ce que vous décrivez.
Si la pause dans la narration est trop imposée, mal mise, cela peut créer une frustration. Faites donc attention aux endroits où vous mettez vos descriptions « traditionnelles » (donc sans mouvement) : une scène d’action n’est pas vraiment le meilleur moment : dans un combat ou une fuite, il ne viendrait à personne l’idée de regarder son adversaire et de dire « alors il est grand, il a les yeux bleus ». Toutefois, en gardant l’idée du combat, vous pouvez regarder votre adversaire avant de lui taper dessus, mais votre regard se concentrera alors sur la taille, les muscles, le poids apparent, les forces et les faiblesses…
Attention aussi aux répétitions et à la monotonie qui peut s’installer dans une description : variez les constructions de phrase et les verbes. Il est assez désagréable de lire une description de 200 mots pendant lesquels les phrases sont toutes identiques (sujet, verbe, complément, par exemple), et où avoir et être mènent la danse.
Enfin, même si vous êtes assez libres de la fréquence de vos descriptions (heureusement, ce n’est pas réglementé, ouf !), essayez de ne pas en mettre tous les paragraphes*. N’oubliez pas qu’un texte laisse toujours une part d’imagination au lecteur : ce n’est pas un film dans lequel décors et personnages sont imposés !
*Note : bien sûr, si votre roman est contemplatif et que l’action n’est pas privilégiée, je n’ai rien dit. La forme au service du fond, toujours !
Le mot de la fin
Les descriptions, les pauses dans le récit et le rythme font le roman (ou les nouvelles/micronouvelles/novellas, enfin nous nous sommes compris) : n’oubliez pas que ce vous écrivez n’est pas un film, pas du théâtre. C’est d’ailleurs pour cela que les descriptions en 3D sont importantes : elles permettent d’immerger le lecteur, de lui donner l’impression d’être dans votre histoire. Alors ne négligez jamais les descriptions, elles sont aussi importantes que les ressentis ou la narration en elle-même !
C’était Dewen, en direct du Scribtographe !