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Découvrir une maison d'édition aux mille couleurs: Arkuiris



Dans les derniers mois, les scribtos ont vu avec plaisir les Appels à textes se multiplier sur des sujets variés et inspirants. Une maison d’édition nous a proposé en particulier Musique d’outre-monde, la justice ou encore la dyslexie. Comme d'autre part, l'occasion s'en est présenté, nous avons contacté Loan Treca pour en savoir plus sur Arkuiris et sur elle-même.

Après des études en sciences humaines, elle combine l’enseignement à ses activités éditoriales. Elle participe au projet depuis longtemps : « J’ai raccroché les wagons du projet au début de la création, mais au départ je ne pensais pas m’investir autant. Mon rôle a surtout augmenté avec l’essor de la collection d’anthologie depuis 2013 » Pourriez-vous nous présenter en quelques lignes la maison d'édition Arkuiris?

Arkuiris est une maison d’édition associative née il y a quatorze ans à partir de l’envie de personnalités aux profils divers, mais que rattachait quand même un grand intérêt pour les questions socio et géopolitiques, ainsi que les problèmes d’environnement. Combien de personnes y travaillent? Je me plais à dire que nous sommes une maison d’édition « archipel », car depuis la création, des personnes se sont raccrochées et ont bougé. Ainsi, même si le noyau de départ de trois ou quatre personnes continue de vivre dans le sud-ouest de la France, certains de nos membres vivent dans les Caraïbes, à Prague, en Malaisie, ou au Burundi, sans parler aussi de personnes ou amis nous donnant un coup de main occasionnel ailleurs en France. Plus globalement, il y a deux personnes à la maquette (dont Loan), un responsable de collection pour les anthologies, un correcteur (qui est aussi prof de lettres), deux à trois personnes qui s’occupent des aspects numériques (notamment le site Web et la page Facebook), et bien sûr les anthologistes qui font un gros travail. Le fonctionnement reste associatif ; ce qui n’est pas toujours facile d’ailleurs, car certaines personnes se trouvent parfois submergées par les contraintes de leurs activités professionnelles. Heureusement, nous sommes suffisamment polyvalents pour ne pas trop souffrir de ces inconvénients. Quels sont les sujets les plus souvent traités dans vos publications? Ce sont les grandes questions de société. Au départ, elles étaient relativement axées sur l’Asie, mais nous nous sommes élargis à la science-fiction qui est même devenue notre secteur le plus dynamique, notamment avec de l’anticipation centrée sur l’environnement. Peut-on parler d'une ligne éditoriale? de convictions défendues par les textes? Ce point concerne surtout nos anthologies et nos publications en SF. L’idée est de trouver des thèmes qui aident les lecteurs à réfléchir sur notre monde et ce qu’il pourrait devenir, mais sans non plus devenir des propagandistes ou des militants prosélytes. Ainsi, même si beaucoup de recueils de nouvelles s’attachent par exemple à l’environnement, il y a toujours des textes qui abordent le sujet par l’humour ou le 2ème degré. Une autre particularité, c’est aussi de défendre la place de la femme dans la SF. On pourrait appeler ça de la discrimination positive, en nous efforçant de regarder avec bienveillance les textes écrits par des auteures. Trois de nos futures anthologies, notamment sur la justice et sur la dyslexie seront d’ailleurs dirigées par des femmes. Mais attention, il n’y a pas de complaisance. La valeur des textes doit primer. On entend parfois dire que dans beaucoup d’anthologies seulement un tiers ou la moitié des textes ont de l’intérêt. De notre côté, nous n’acceptons aucun texte qui n’ait pas un bon niveau, tant dans le style que dans l’intrigue.

Les différents directeurs de collection ont-ils forcément les mêmes goûts? La question se pose surtout pour les anthologistes, qui peuvent avoir des centres d’intérêts différents, d’où d’ailleurs des livres sur les OGM ou le Nucléaire, mais aussi sur l’Art de séduire, les relations Hommes-Animaux, ou les Tisseurs de Mondes. Jusqu’à maintenant, nous avons fonctionné dans le dialogue et nous sommes toujours tombés d’accord sur les bons textes qu’il fallait publier, sachant que nous en retenons en moyenne une quinzaine par anthologie. Le fait de ne pas avoir de positionnement dogmatique aide aussi à accepter les différences d’approches, et même si le ressenti du « style » est subjectif, il est rare qu’un mauvais texte puisse être considéré comme « bon ». Que vous apportent les nombreux AT que vous proposez? Une ouverture d’esprit ! Généralement, quand on lance un appel, on se fait un scénario des types de réponses qu’on va recevoir. A l’arrivée, on est souvent surpris de la richesse de l’imaginaire des auteur.e.s. Une autre grande surprise est la richesse de la SF française et notamment des nouveaux/nouvelles auteur.e.s. Nous sommes d’ailleurs très heureux de publier des « seniors » comme Jean-Pierre Andrevon, Jean-Pierre Fontana ou Jean-Louis Trudel, et d’autres dont c’est la première publication. Votre prédilection pour la science fiction semble une façon de parler de notre avenir proche? Pourquoi ce choix ? Beaucoup de grands enjeux contemporains sont mal présentés au grand public ou donnent l’impression aux gens qu’il s’agit de questions de spécialistes pour lesquelles ils/elles ne sont pas compétent.e.s. Or pour qu’une démocratie fonctionne, il faut que les citoyen.ne.s s’emparent de tous les sujets. Nous avons le sentiment que la SF peut être un moyen de décomplexer les lecteurs/lectrices, et de leur faire passer un bon moment tout en les aidant à mieux comprendre certaines choses. Est-il selon vous plus abordable que les mêmes sujets sous la forme d'essais? Pour une partie du public certainement, du fait du « complexe » que j’évoquais, mais aussi parce que nous dérivons aussi vers une civilisation du loisir et du plaisir. Il faut savoir aborder les problèmes de manière « fun », même les plus graves. Cela étant, plusieurs de nos auteur.e.s écrivent aussi des essais ou des articles à caractère plus scientifique. Combien de livres paraissent en moyenne par an? Nous avons un rythme relativement réduit, en partie lié à notre fonctionnement associatif. Jusqu’à l’année dernière, nous étions à deux ou trois par an. Nous espérons passer à quatre ou six. Et pourquoi pas plus ?! mais là, il faudra sans doute une mutation avec une professionnalisation d’une partie de l’équipe. Pourriez vous résumer pour les scribtonautes le parcours de nos textes entre le moment où nous participons à un AT et celui où il est publié ? Les nouvelles sont reçues via email par l’anthologiste tout au cours de la durée de l’appel (3 à 6 mois), même si la très grande majorité est envoyée au cours des deux ou trois derniers jours. Si tout se passe bien, l’anthologiste lit l’ensemble des textes dans les semaines suivant la clôture de l’appel. Il/elle effectue ensuite une présélection de quinze à vingt nouvelles. Ensuite, nous sommes plusieurs à lire cette présélection pour finaliser le sommaire. Après, cela dépend de la qualité. Certains textes sont publiables en l’état. D’autres demandent des allers-retours entre auteur.e.s et anthologistes quand le style ou la narration nécessitent d’être plus fouillés. En effet, certain.e.s auteur.e.s ont de super idées, mais leur écriture mériterait d’être plus travaillée, tandis que d’autres font preuve d’une plume formidable, tandis que le déroulement de leurs histoires manque de cohérence ou de dynamique. Lorsque les textes sont à peu près bouclés, nous passons à la phase préface et recherche de couverture. Pour la préface, nous sollicitons des personnalités qui fassent sens par rapport au sujet. Des plumes prestigieuses ont déjà accepté de préfacer nos anthologies, écrivains, éditeurs, philosophes, personnalités politiques ou du monde associatif… Puis, il y a la finalisation de la maquette, avec la phase de correction orthographique qui est fondamentale, et l’envoi à l’imprimeur, sachant que nous publions en papier et en numérique. Quel sera votre rôle dans les prochaines publications ? La collection des anthologies a maintenant pris une vitesse de croisière et Yann Quero s’en occupe désormais. Nous avons plusieurs projets de diversification, dont un sur des livres destinés aux personnes dyslexiques.

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