Rencontre avec Corrections d'Enfer
On pense souvent que les romans s'écrivent, puis se publient, pourtant, une phase primordiale vient s'intercaler entre ces deux étapes : la correction. Non, pas la correction des auteurs qui relisent leur œuvre, je veux ici parler de la correction pure et dure. Mélodie traque pour vous les coquilles, les fautes de grammaire et de conjugaison, elle connaît toutes les règles apprises depuis le CP et depuis si longtemps oubliées par nous autres mortels. Venez donc avec moi découvrir l'univers qui se cache derrière ce nom effrayant : Corrections d'Enfer.
D’où t’est venue l’idée de te lancer en affaires ? Pourquoi ce service en particulier ?
Pour des raisons personnelles, exercer mon métier d’origine, directrice de crèches, devenait très compliqué. Je m’en éloignais déjà, en réduisant mon temps de travail. En discutant avec Marine (Maanilee), nous en sommes venues à l’idée de me lancer aussi dans le monde du livre, autrement qu’en tant qu’auteure. Je ne suis pas douée comme elle pour les images et les harmonisations de couleurs, mais j’ai souvent corrigé des textes, sur le forum, dans la sphère privée ou en tant que bénévole pour un site. Ça me plaît et j’y éprouve des facilités, alors recherche de formations, de statuts, et c’était parti !
Pourquoi ce nom, les Corrections d’Enfer ?
J’aime les jeux de mots et les doubles sens. Comme certains Scribtonautes le savent, j’écris une saga, Helden, dont l’héroïne est une démone. Un petit clin d’œil à ce personnage qui compte beaucoup pour moi, en plus d’un nom qui m’amuse.
Comment choisis-tu les textes sur lesquels tu travailles ?
Je ne « choisis » pas les textes, même si je refuse certains types de récits. J’ai un partenariat avec Évidence Éditions, ils m’envoient des textes et je m’en occupe. J’avais un partenariat aussi avec Nutty Sheep, l’éditrice me demandait si j’étais disponible et en fonction, au boulot ! Sinon, je réponds aux demandes des particuliers. Suivant leurs besoins, type de correction, taille du texte et délai, nous nous mettons d’accord.
Qu’est-ce qui est le plus difficile lorsque tu fais la correction d’un document ?
D’avoir mal à la tête. C’est un travail qui demande une grosse concentration, les yeux trinquent parfois et j’ai besoin d’être au calme pour ne pas risquer de manquer une faute. Certains récits demandent énormément de temps, alors il faut aussi bien s’organiser, et j’avoue qu’il m’arrive d’avoir juste envie de lancer l’ordinateur par la fenêtre tant les fautes sont nombreuses…
Comment fais-tu pour corriger un texte qui ne te plaît pas forcément ?
Je ferme les yeux ! Non, malheureusement ça ne fonctionne pas… Eh bien, je dois dire qu’il n’y a pas de solution miracle. Il m’est en effet arrivé de ne pas du tout aimer le texte, mais, à part essayer de rester la plus objective possible, rien ne peut me sauver ! Alors je prends mon mal en patience et j’espère que le prochain sera plus à mon goût.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce travail ?
J’ai la chance de lire gratuitement beaucoup de livres ! Bon, en théorie, les versions publiées ne ressemblent plus à ce que j’ai eu entre les mains, mais je découvre des auteurs, des plumes et des univers variés. Ça m’aide en tant qu’auteure et directrice éditoriale, car je vois plus ou moins ce qui marche, je repère des lourdeurs à éviter et des types de récits que je ne voudrais pas voir édités. En plus, je me promène dans les coulisses des maisons d’édition et j’échange avec des auteurs en recherche de publication, c’est très enrichissant !
Quelle quantité corriges-tu en moyenne, par jour ?
C’est très varié. D’abord, ça dépend du nombre de textes que j’ai en attente de corrections, si je peux me permettre de traîner ou pas. Ensuite, ça dépend de la quantité de fautes présentes dans le texte et de la formule choisie par la maison d’édition ou par l’auteur (cf. question suivante). Enfin, mon état de fatigue peut aussi changer la donne.
Pour donner une estimation, un texte de 100 000 mots, avec un travail classique, me prend entre 15 et 20h (au lancement, j’étais à bien plus !). Je vous précise que je fonctionne avec au moins trois phases de corrections, la plus longue étant la lecture attentive de tout le texte. Avec les particuliers, j’ai aussi une phase de « retour de corrections », que je n’ai pas forcément avec les maisons d’édition.
En quoi consistent les corrections ? Forme seulement ou tu t’autorises quelques remarques sur le fond ?
Je propose plusieurs formules, au choix du client. Pour les maisons d’édition, j’ai une correction simple, sur les règles d’orthographe, de grammaire, de conjugaison et de ponctuation ; ou une formule complète, qui reprend les mêmes points que précédemment et propose aussi des reformulations de phrases ou passages si besoin. Pour la seconde, je m’autorise quelques remarques sur le fond, au niveau d’éventuels problèmes d’incohérences.
Pour les particuliers, ces deux formules existent aussi, mais je leur en ai concocté une dernière, qui reprend la complète, avec en plus un commentaire argumenté et détaillé sur le fond.
Comment fais-tu pour jongler avec tout le reste ? Tu es auteure, correctrice… Quoi d’autre encore ?
Eh bien, j’étais aussi codirectrice de deux collections chez Nutty Sheep jusqu’à il y a peu et je suis codirectrice éditoriale chez Reines-Beaux. C’est en effet assez chargé, mais toutes ces casquettes se complètent bien alors j’y trouve un certain équilibre. Malheureusement, il arrive que mes propres récits patientent plus que je ne le souhaiterais. Tout est une question d’organisation, au début c’était très compliqué, maintenant que je sais à peu près combien de temps va me prendre une correction, je peux anticiper.
Comment fait-on pour en savoir plus sur les Corrections d’Enfer ? Où pouvons-nous te suivre ?
Sur la page Facebook du même nom et sur mon site.
Et voilà, vous en savez désormais plus sur cette société et sa démone de dirigeante. Alors pensez à elle et laisser quelques fautes trainées.